A votre manière lente et maladroite d'agrafer votre robe, à vos yeux vagabonds, à ceux de votre compagnon, j'ai su qu'il était né, l'enfant imaginaire.
Là, en quelques minutes, le temps d'une première échographie, celle des douze semaines, premiers mouvements saccadés, première esquisse d'un visage, d'un nez surmonté de deux pupilles noires.
Toutes les images échographiques se ressemblent. Pas pour vous. Nous n'y voyons pas la même chose. J'analyse. Vous imaginez, vous échaffaudez, vous tentez un prénom,
vous bâtissez une vie, ou simplement une chambre colorée.
...
Vous vous échappez.
Cet enfant, vous le portiez en vous depuis si longtemps, bien avant d'être enceinte. De longs mois, il s'est agité dans votre tête.
Il fut un rêve de jeune femme, il fut remis à plus tard, puis il revint, adorable tentation, abîme d'espoirs et de craintes.
Il fut conçu enfin, le temps d'un regard à deux, qui voulait dire peut être.
"Lettre à une mère" René Frydman, le "Tonton" de milliers d'enfants après Amandine
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